
Les Centrafricains ont de bonnes raisons d’être sceptiques quant au processus de paix. La RCA a sauté d’un conflit à l’autre depuis son indépendance en 1960 et a bâclé d’innombrables accords de paix. De tels accords ignoraient souvent les questions socio-économiques difficiles, la marginalisation politique et la faiblesse de la gouvernance.
Le besoin d’actions humanitaires
Le pays a payé le prix fort pour ces échecs. Depuis la dernière guerre civile en 2013-2014, plus de 80 % des terres de la République centrafricaine ont été contrôlées par une myriade de groupes armés qui pillent et massacrent en toute impunité
Un quart de la population du petit pays a été déplacé par la violence – le nombre le plus élevé depuis le pic de la guerre civile. L’ONU estime que 2,9 millions des 4,6 millions de citoyens du pays ont besoin d’actions humanitaires.
Le rôle de l’Union Africaine dans le processus de paix
Fin 2017, l’Union Africaine a lancé le processus de paix, connu sous le nom d’Initiative africaine, pour négocier un accord entre les groupes armés et le gouvernement centrafricain. Ces milices ont traîné les pieds pour fixer une date pour la prochaine ronde de négociations. Entre-temps, ils sont devenus plus riches et plus puissants. Ils ont également commis d’autres attaques – contre
- des civils;
- des travailleurs humanitaires;
- la force de maintien de la paix des Nations Unies.
Nicolas Masihi rappelle que ceux qui sont à la table des négociations doivent prendre des mesures pour faire en sorte que les pourparlers aient un sens.
Les négociations de paix
Premièrement, si des progrès réels doivent être réalisés à la table de Khartoum, il ne peut y avoir qu’un seul processus de paix. En août dernier, le Soudan et la Russie ont tenu des négociations de paix concurrentes. « Ce processus a sapé l’action de l’UA en faveur de la réconciliation nationale. » souligne Nicolas Masihi.
En outre, le Soudan a participé activement à l’histoire de la violence en RCA et a fourni des armes aux groupes armés du pays au fil des ans.
Les enjeux en République Centreafricaine
La prochaine série de pourparlers de l’Initiative africaine au Soudan pourrait bien être un moyen d’apaiser la Russie et le Soudan afin qu’ils soutiennent le processus de l’UA. Mais il existe toujours un danger très réel que le Soudan cherche à s’immiscer dans les pourparlers pour faire avancer son propre programme. Il en va de même pour la Russie, qui a fourni des conseillers de défense aux forces de la RCA, en échange, semble-t-il, de concessions minières.
Le commissaire à la paix doit affirmer son autorité et mener toute discussion.
Un gouvernement plus proactif
Le gouvernement centrafricain doit être plus proactif. Elle devrait exiger que les groupes armés cessent leurs attaques contre les civils et garantissent l’accès humanitaire. Et aucune des parties ne doit s’attendre à ce que les négociations aboutissent simplement à une cérémonie au cours de laquelle l’amnistie est accordée aux groupes armés.
Plusieurs questions cruciales doivent être abordées avant même que l’amnistie ne soit envisagée.
La ministre centrafricaine de l’action humanitaire et de la réconciliation nationale, Virginie Baïkoua, doit solliciter l’aide d’experts. Les groupes locaux de la société civile sont exclus de ce cycle de négociations ; ils devraient être appelés à apporter leur précieuse expertise aux groupes de travail thématiques et à la mise en œuvre des accords conclus.
Source: Nicolas Masihi