Faire face au lien entre le changement climatique et la migration

Faire face au lien entre le changement climatique et la migration

En 2018, les dirigeants du monde entier se sont réunis au Maroc et en Pologne pour s’attaquer à deux des plus grands défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté : les migrations forcées et le changement climatique. Nicolas Masihi s’est intéressé au contexte humanitaire dans lequel s’est déroulé cette réunion.

Relever les défis des migrations internationales

Le gouvernement des États-Unis n’en faisait pas partie. Pourtant, des milliers de réfugiés et de migrants fuyant la violence en Amérique centrale se dirigeront toujours vers la frontière américaine, tandis que des dizaines de milliers de Californiens déplacés par des incendies de forêt historiques sont restés coincés dans des chambres de motel, des remorques ou dans la rue.

Conférence intergouvernementale sur la migration

Les pays qui ont participé à la Conférence intergouvernementale sur la migration au Maroc et aux négociations de l’ONU sur le changement climatique en Pologne comprennent clairement ce que l’administration américaine actuelle ne fait pas (ou ne veut pas faire) : Relever les défis des migrations internationales et du changement climatique n’est pas un jeu à somme nulle.

Refuser de s’associer aux efforts de coopération pour trouver des solutions communes ne rend pas vos propres problèmes meilleurs, mais pires.

Les crises humanitaires à venir

L’évidence que ces deux défis ont commencé à se recouper signifie que des crises humanitaires beaucoup plus graves pourraient se profiler à l’horizon.

À moins, bien sûr, que nous ne fassions preuve d’assez de courage pour faire face à ces défis et planifier en vue d’obtenir de meilleurs résultats. La nouvelle encourageante est que le lien entre le changement climatique et la migration à grande échelle a finalement commencé à attirer l’attention de la plupart des gouvernements du monde entier et qu’il sera abordé lors des deux réunions ce mois-ci malgré le manque de soutien des États-Unis.

La création d’un pacte intergouvernemental

Le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière est le premier accord négocié au niveau intergouvernemental à couvrir la migration internationale dans toutes ses dimensions.

Aujourd’hui, il y a plus de 258 millions de migrants dans le monde qui vivent en dehors de leur pays de naissance, ce qui signifie qu’une personne sur 30 est un migrant. Ce chiffre devrait augmenter pour de nombreuses raisons, notamment:

  • la croissance démographique;
  • l’augmentation de la connectivité;
  • le commerce;
  • les inégalités croissantes;
  • les déséquilibres démographiques;
  • le changement climatique.

Les avantages de la migration

La migration offre d’immenses opportunités et avantages – pour les migrants eux-mêmes, leurs familles et leurs communautés d’origine, ainsi que pour les communautés qui les accueillent.

Cependant, lorsqu’elle est mal gérée, la migration peut créer des défis importants. Les migrants qui fuient des situations désespérées dans leur pays d’origine – et qui n’ont pas accès à des voies sûres et légales pour le faire – risquent davantage d’être exploités et maltraités, ou pire encore, de perdre la vie.

L’approche coopérative du pacte

Bien qu’il ne soit pas juridiquement contraignant, le Pacte reconnaît qu’une approche coopérative est nécessaire pour optimiser les avantages globaux de la migration, tout en abordant les risques et les défis qu’elle présente pour les individus et les communautés des pays d’origine, de transit et de destination.

L’amélioration des voies migratoires régulières

Il est important de noter que le pacte comprend des mesures visant à s’attaquer aux causes profondes des migrations dangereuses, désordonnées et irrégulières, y compris les catastrophes, la dégradation de l’environnement et d’autres facteurs liés au changement climatique. Il énonce également des mesures visant à améliorer les voies de migration régulière pour les communautés vulnérables au changement climatique qui, de plus en plus souvent, n’ont d’autre choix que de partir à l’étranger.

L’Accord de Paris

Les communautés vulnérables ne sont pas protégées par la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés ou son Protocole, qui ne reconnaissent pas les « réfugiés climatiques ».

A l’ordre du jour figure le rapport d’une équipe spéciale sur les déplacements climatiques créée en vertu de l’Accord de Paris, qui comprend des recommandations pour réduire au minimum les effets des changements climatiques sur les migrations forcées et y remédier.

Les politiques en matière de gestion de la migration climatique

Les recommandations du groupe de travail sont remarquables par leur ampleur, y compris le nombre de pratiques exemplaires et de politiques dont disposent déjà les gouvernements pour aborder la migration climatique d’une manière intelligente et raisonnable. Il s’agit notamment de réduire les risques de catastrophe dans les zones côtières, de renforcer la résilience des communautés vulnérables au changement climatique parmi les populations rurales appauvries et de soutenir les bourses d’études et les possibilités d’emploi à l’étranger pour les personnes originaires des pays les plus touchés par le réchauffement climatique, comme les pays insulaires de faible altitude.

Il est vrai que le Pacte mondial sur la migration et l’Accord de Paris sont imparfaits à bien des égards. Selon l’endroit où vous vous trouvez, il se peut qu’ils ne soient pas assez ambitieux ou qu’ils n’aient pas assez de détails sur la façon de nous amener à la ligne de but. Mais ils constituent néanmoins un moyen d’aller de l’avant.

Source: Nicolas Masihi